2008 : Lettre au Président Sarkozy

Lettre envoyée au Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy.

Monsieur le Président de la République
PALAIS de l’ÉLYSÉE
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS

Monsieur le Président de la République,

Notre République a su changer, évoluer, s’adapter … Pourquoi les paroles de son Hymne n’en feraient pas de même ?
J’ai revisité les paroles de ce chant afin de les mettre en harmonie avec notre époque tout en restant proche de l’esprit qui guida Rouget de Lisle. Je vous suggère que notre Hymne parle désormais des valeurs de la France de notre temps : la Justice, la Fraternité, la Liberté et le Courage …

Certaines paroles de Rouget de Lisle, au demeurant bien compréhensibles dans leur contexte historique, apparaissent en décalage avec le sens de l’histoire, en particulier au regard de l’extermination planifiée de millions d’hommes, de femmes et d’enfants par la volonté de ceux qui rêvaient d’une « race humaine purifiée » et dont les racines se nourrissent toujours du même mal. Le mot « République », ciment essentiel de notre nation qui ne figurait pas dans le texte d’origine, apparaît maintenant.
Dans ce travail, j’ai écarté les allégories sanglantes : « l’Étendard sanglant est levé – Qu’un sang impur abreuve – Égorger nos fils » …
Ce chant, à l’origine écrit pour galvaniser les Français contre un envahisseur extérieur se doit aujourd’hui encore de les rassembler et les unir par le biais de valeurs communes, qu’ils soient originaires de ce pays ou qu’ils l’aient rejoint au fil de son histoire.
Les anciens combattants ne se sentiront pas trahis par un texte toujours combatif qui ne les oublie pas (« l’Étendard de justice est levé … aux tyrans arracherons des pleurs … le chant de la Victoire … etc … »). Les démocrates républicains de notre pays se reconnaîtront dans l’esprit altruiste du nouveau texte.

J’ai cherché à garder le souffle, l’esprit originel de l’Hymne (c’est une marche et cela doit le rester), d’où les références régulières au texte initial dans le premier quatrain puis la reprise du : « Marchons, marchons » …
Enfin le « Hourra ! Voilà l’Espoir ! Le chant de la Victoire » … confirme le cri de joie d’être ensemble : nous crions la Victoire sans être forcément cocardiers. C’est une expression nouvelle, originale, pleine d’énergie qui se chante de surcroît parfaitement. Le final, c’est la Liberté qui éclaire le monde, l’héritage de cet événement exceptionnel qui a libéré les hommes de siècles de servages et de l’arbitraire.
Je ne présente intentionnellement qu’un seul couplet et refrain. En effet, le premier couplet actuel, est devenu de fait l’Hymne de notre pays. C’est une façon de déposer avec modestie une pierre à l’édifice institutionnel de ma patrie et de contribuer à une vraie transition, inspirée par l’Histoire.

Sans doute faudra-t-il politiquement beaucoup d’audace et de détermination pour oser revisiter un tel symbole plutôt figé par l’Histoire. En même temps, l’immense majorité du peuple français tient à ses racines, à cet air unique entre tous, à l’émotion qu’il nous procure …
La moisson sera à la mesure de la grandeur et du courage de ceux qui le feront afin que la France devienne encore plus la France.

Avec mon infini respect.

Pierre MENAGER