La Marseillaise : très « inspirée » par une ode de Claude Lefebvre de Beauvray (1757)

Un scoop !!! La Marseillaise notre hymne national se révèle très inspirée par « une ode à la nation Angloise » de Claude Lefèbre de Beauvray…

Nul ne peut désormais prétendre que ce chant français soit est née d’une « fulgurance géniale » dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 même et surtout après « quelques verres de champagne de la réserve de Philippe de Dietrich ».

Si on désire replacer certains mots ou vers dans leur contexte historique, il est nécessaire de revenir à leur origine, qui n’est pas la Révolution, mais la terrible guerre de Sept ans entre Français et Anglais. D’après les annales historiques de la révolution française, David A. Bell historien à Princeton, a montré que Rouget de Lisle s’était certainement inspiré du recueil, très célèbre à son époque, intitulé « Adresse à la nation Angloise » et écrit en 1757 par l’avocat Parisien Claude-Rigobert Lefebvre de Beauvray. Rouget de Lisle en bon bibliophile ne pouvait que difficilement ignorer cette adresse bien connue avant la révolution.

En voici quelques extraits, tous les mots en mauve se retrouvant dans La Marseillaise.

Mots & expressions de l’Ode à la nation Angloise (1757) retrouvés dans La Marseillaise (1792)
Ode à la nation Angloise (1757) La Marseillaise (1792)
Ode à la nation Angloise (1757) La Marseillaise (1792)
(page 7)
… Vois, ô Race parjure… Vois frémir l’habitant… au spectacle sanglant
Tu dis, & de tes mains Jumonville égorgé
verse un sang généreux qui doit être vengé
– L’étendard sanglant… (1er couplet)
Égorger nos fils… (1er couplet)
– Le sublime orgueil de les venger… (5ème couplet)
(page 8)
… Plus altérées encore de butin que de gloire.
Par des chemins honteux courir à la victoire
– Sous nos drapeaux que la victoire… (7ème couplet)
– … voient ton triomphe et notre gloire (7ème couplet)
(page 9)
… Vous osez à l’envi, déchaînés contre Nous,
Et des plus saintes Lois profanateurs perfides,
Insulter à la Paix par d’affreux parricides
Tremblez, Anglois, tremblez : justement irrité,
Opposant la valeur à la férocité,
La foudre dans les mains, votre ennemi s’avance,
Et précipite enfin l’instant de sa vengeance
– … Qu’on ose méditer… (2ème couplet)
– Par des mains enchaînées… (3ème couplet)
Contre nous de la tyrannie (1er couplet)
– Et vous perfides l’opprobre de tous les partis (4ème couplet)
– Vos projets parricides… (4ème couplet)
Tremblez tyrans… Tremblez ! (4ème couplet)
– Mugir ces féroces soldats (1er couplet)
– Grand dieu ! par des mains enchaînées (3ème couplet)
– Que tes ennemis expirants (7ème couplet)
– Vos projets parricides vont enfin recevoir
– … nos bras vengeurs (7ème couplet)
(page 10)
… couronnant ses exploits magnanimes
prêt à les immoler, pardonne à ses victimes
Aux français outragés tout sans doute est possible
l’honneur arme son bras pour venger la vertu
– Français en guerriers magnanimes (5ème couplet)
Épargnez ces tristes victimes (5ème couplet)
Français, pour nous, ah ! quel outrage (2ème couplet)
– Soutiens nos bras vengeurs (7ème couplet)
(page 11)
… Va, pour s’entre-détruire, armer tes bataillons
Et de ton sang impur abreuver tes sillons…
Quels murmures ! Quels cris ! Quelle horrible licence !
L’air mugit, l’éclair brille, et l’orage commence ! … »
Formez vos bataillons (refrain)
Qu’un sang impur abreuve nos sillons (refrain)
– Ah ! quel outrage, quels transports doit-il exciter (2ème couplet)
Mugir ces farouches soldats (1er couplet)

Rien ne se perd, tout est recyclé ! La haine et la violence aussi.

(Pierre Ménager novembre 2018 – créateur du site « une autre Marseillaise pour la France » depuis 2007)

Sources :

  • Chant de guerre pour l’Armée du Rhin dit « la Marseillaise » (1792)
  • ode à la nation Angloise (1757) de Claude Rigobert Lefèbvre de Beauvray (texte sur la BNF)

Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Égorger vos fils, vos compagnes !

Aux armes citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons

Que veut cette horde d’esclaves
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah! quel outrage
Quels transports il doit exciter ?
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !

Quoi ces cohortes étrangères !
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fils guerriers !
Grand Dieu! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres des destinées.

Tremblez, tyrans et vous perfides
L’opprobre de tous les partis
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix !
Tout est soldat pour vous combattre
S’ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre.

Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes
À regret s’armant contre nous
Mais ces despotes sanguinaires
Mais ces complices de Bouillé
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère !

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre !

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !