Nos ancêtres et l’oubli

« Ne risquons-nous pas d’oublier notre passé en modifiant les paroles de La Marseillaise ? » m’écrit Romain sur l’onglet « contact » du site.
Voici ma réponse:

Si modifier les paroles de notre hymne nous conduisait à oublier ceux qui ont laissé leur vie pour notre liberté, alors oui, il ne faudrait rien changer. Mais changer les paroles, ou même complètement d’hymne, ne modifiera pas nos capacités à nous souvenir ou à oublier par exemple nos poilus de 14/18. Qui se soucie d’eux aujourd’hui ? Combien d’entre nous vont se recueillir en pensant à eux chaque 11 novembre ?… Si peu !

Mon grand père est mort en Argonne le 23 novembre 1914 : il avait 29 ans. Il a été enterré à la hâte dans sa tranchée et ne fût jamais retrouvé… Mon père est né quelques jours après…
Aujourd’hui il est parti le retrouver, le connaître. Maintenant à mon tour d’aller me recueillir chaque année là-bas au milieu du champ de bataille, là où tout est encore bouleversé cent ans après, au plus près de l’endroit indiqué par les camarades de combat de mon si jeune grand-père. Après moi je le sais bien, personne ne viendra plus, le souvenir s’effacera.
Alors que l’on change ou non les paroles, quel rapport, quelle importance ?
C’est l’Amour que l’on porte à nos ancêtres qui les empêche de tomber dans l’oubli, pas le fait de changer quoi que ce soit dans notre hymne. Je suis favorable à d’autres paroles : car les mots féroces actuels (« qu’un sang impur… ») ont été totalement dévoyés sous la terreur de 1792 à 1794 et responsables de trop d’assassinats imprescriptibles (lisez l’onglet « Histoire » de ce site). Ils ne sont vraiment pas nécessaires pour ressentir la fierté et la joie d’être Français.
Gardons cette belle musique que nous devons à Navoigille, Edelmann ou Grisons et écrivons simplement un seul et unique couplet qui gardera le message historique de vigilance à la tyrannie et l’idéal de liberté. Si nous y arrivons, alors mon grand père et son jeune frère ne seront pas morts oubliés.
Merci Romain d’avoir exposé votre avis avec calme et courtoisie.
Bien amicalement,
Pierre.

Avec mes amicales salutations. P.M.