Respect du texte original

Un internaute m’interrogeait il y a quelques années sur le respect du texte original.
C’était le Maire de la ville natale de Rouget de Lisle ! Président de l’association des maires de France. Voici ma réponse :

Monsieur,

J’ai été sensible mais surtout très honoré de recevoir votre courrier en date du 8 déc 09.
Il ne s’agit pas d’une démarche contre la marseillaise de Rouget de l’Isle vis-à-vis de laquelle je reste respectueux, si nous la replaçons dans le contexte originel de sa création.
Il a plusieurs fois été souligné que ma composition se distinguait des autres tentatives, très nombreuses à ce jour, car elle s’appuyait sur les mots et le souffle donné par Rouget-de-l’Isle.
Mon propos est de garder l’agressivité naturelle de ce chant pour la mettre au service de l’Homme et surtout de la République qui est notre ciment à tous : pareil au mortier qui relie et maintient les pierres du mur entre elles…

Il m’est souvent objecté : « Vous ne pouvez refaire l’histoire, le passé » … Ou alors : « Vous ne respectez pas tous ces gens qui sont morts en la chantant »… Quels étranges arguments…
La Russie (2002), l’Allemagne (1991)… et pour ne citer que ces pays, ont modifié il y a quelques années les paroles de leurs hymnes et n’ont rien perdu, ni leur identité, ni leur grandeur devant le monde, bien au contraire.

Quant à ceux qui montaient au front en 1914, dont une grande partie de ma famille, anéantie à Verdun et jamais retrouvée, ils rêvaient d’un monde meilleur (« plus jamais ça ») et l’écrasante majorité d’entre eux ne chantait pas la marseillaise sous les bombes, contrairement à ce que faisaient croire les films ou les clichés patriotiques décalés de leur réalité : l’enfer de la boue, de l’acier et des cadavres.

Si un jour, il est des hommes d’honneur et de courage capables d’affronter l’esprit captieux des gens qui prétendent savoir sans avoir pris beaucoup de temps pour réfléchir…
S’ils acceptent aussi de subir par avance l’incompréhension et l’humiliation par la dérision… Alors, nous préparerons avec ces justes le chemin vers l’humanisme, en plaçant dans notre hymne des mots qui désignent mieux nos aspirations, nos valeurs et vers, osons le dire, notre projet de civilisation (essayer d’élever la « partie humaine » et fraternelle de l’Homme).

Malraux, ne disait-il pas, « Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Puissiez-vous, Monsieur, faire partie des êtres qui comprennent et surtout soutiennent ma démarche.

En vous remerciant pour avoir pris du temps pour me répondre, ce qui honore à travers vous la démocratie, recevez, Monsieur le Député, Monsieur le Président de l’association des Maires de France, et particulièrement Monsieur le Maire de la ville natale de Rouget-de-l’Isle, l’assurance de mes plus respectueuses salutations.