A Louis Jules Élie Ménager sergent au 89 ème régiment d’infanterie.
Le 23 novembre 2014 j’irai en Argonne comme chaque année, déposer quelques fleurs au milieu du champ de bataille de la Haute Chevauchée près du village de « Lachalade », approximativement à l’endroit où tu reposes, le long du chemin de Courtes-Chausses…
Toi mon jeune grand-père de 28 ans, tué sur le coup ce 23 novembre 1914 alors que tu apportais une couverture à ton unique frère, blessé (mortellement lui aussi) en première ligne. Toi dont le corps enterré à la hâte avec dix sept autres de tes camarades du 89 ème RI dès le lendemain, ne sera jamais retrouvé.
Ton fils est né de la terrible nouvelle : 13 jours plus tard…
A regarder mon père chercher les traces de son père toute sa vie, j’ai compris que les paroles sanglantes et inutiles de la Marseillaise n’empêcheraient pas nos poilus de tomber dans l’oubli. Il restera l’Amour, la force de nos pensées pour garder leur mémoire et parler à leurs âmes. Sans doute sommes-nous la dernière génération tournée encore un peu vers eux. Combien d’ardents défenseurs de ce chant, portent vraiment la mémoire, le souvenir de leurs souffrances, de leurs vies brisées.
Passées les actuelles commémorations de circonstance reviendra le silence et l’oubli dans ce vallon perdu d’Argonne, aujourd’hui recouvert d’arbres, pour moi devenu sacré.
Grand-père, dans un acte dérisoire, j’ai fait graver ton nom sur une pierre de l’ossuaire de Douaumont, (en rentrant à gauche, tout au fond, en haut…) toi qui oublié de tous, ne l’avais jamais eu nulle part…
Pierre Ménager
(le sang de la Marseillaise)
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