Paroles de la Marseillaise : c’est dur d’être aimé par des…

Dessin de Patrick Chappatte qui résume tellement bien les choses…

© Chappatte - "Le Temps"- Genève. Avec l'aimable autorisation de : www.globecartoon.com
© Chappatte – « Le Temps »- Genève. Avec l’aimable autorisation de : www.globecartoon.com

A travers ce remarquable dessin de Patrick Chappatte, un discret hommage est rendu à tous les dessinateurs  de presse, aux caricaturistes politiques de tous bords… A ceux qui ont été assassinés mais aussi à tous les autres, bien vivants, dont la vision du monde, exprimée par une plume, un crayon, fait étrangement naître en l’humain une émotion, éclore un sourire, plutôt qu’une envie de tuer. Mais qui osera affirmer avec moi que l’expression qu’un sang impur arrose nos sillons irrigue notre violence inconsciente (refoulée), en nous plaçant ainsi au même niveau que les assassins et nous renvoie aussi à la question de notre propre barbarie…

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Merci Hubert Reeves : ajoutons d’autres paroles à la Marseillaise

De temps en temps des rayons de soleil percent les nuages et me réchauffent sur le chemin de cette longue marche. C’est tellement rare et ça fait du bien (voir l’onglet « Histoire » de ce site).
Je relaye volontiers cet article de Hubert Reeves paru dans « Le Point » (ci-dessous avec un lien). Merci Hubert Reeves de nous permettre de rêver à un autre monde, plus humaniste, la tête dans les étoiles.
Merci d’offrir votre immense charisme, comme un bouclier, à ceux qui font progresser la part de l’humain dans l’homme. Au lendemain de cette journée historique, vous n’étiez pas obligé de vous engager sur les paroles de la Marseillaise. Votre courage égale votre sagesse.
Merci.

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Charlie-Hebdo : pour que vive le soleil de la Liberté et de la Fraternité

Antonio M. m’adresse de Madrid toute sa solidarité devant l’assassinat des dessinateurs du journal satirique « Charlie-Hebdo ».
Voici un Mail particulièrement touchant quand on connaît sa terrible histoire. Ses parents, très opposés à Franco sans être pour autant communistes, à la fin de la guerre civile ont traversé les Pyrénées et sont venus à pieds jusqu’à Paris. Mais là, sans maîtrise de la langue, le travail est difficile et disputé. Il faut survivre… Invitée par un oncle, la famille part et s’installe à Cuba, pays présenté alors comme un nouvel éden. Mais la révolution cubaine éclate, Fidèle Castro prend le pouvoir et ne le lâchera plus. Rapidement, l’oncle et les parents d’Antonio qui avaient créé une petite entreprise, deviennent suspects et progressivement persécutés comme des dizaines de milliers de cubains. Au comble du désespoir, ils vont réussir à mettre Antonio qui n’a pas 13 ans dans un avion pour Madrid : « sauve-toi ». Ce jeune garçon se retrouve un soir seul dans l’aéroport Espagnol à errer, puis dans la ville elle-même. Au bout de trois jours c’est un curé qui le repère, lui viendra en aide…

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Lettre du front 1914 - 1918

Centenaire 1914/1918 : les fosses communes de la mémoire

A Louis Jules Élie Ménager sergent au 89 ème régiment d’infanterie.

Le 23 novembre 2014 j’irai en Argonne comme chaque année, déposer quelques fleurs au milieu du champ de bataille de la Haute Chevauchée près du village de « Lachalade », approximativement à l’endroit où tu reposes, le long du chemin de Courtes-Chausses…
Toi mon jeune grand-père de 28 ans, tué sur le coup ce 23 novembre 1914 alors que tu apportais une couverture à ton unique frère, blessé (mortellement lui aussi) en première ligne. Toi dont le corps enterré à la hâte avec dix sept autres de tes camarades du 89 ème RI dès le lendemain, ne sera jamais retrouvé.
Ton fils est né de la terrible nouvelle : 13 jours plus tard…
A regarder mon père chercher les traces de son père toute sa vie, j’ai compris que les paroles sanglantes et inutiles de la Marseillaise n’empêcheraient pas nos poilus de tomber dans l’oubli. Il restera l’Amour, la force de nos pensées pour garder leur mémoire et parler à leurs âmes. Sans doute sommes-nous la dernière génération tournée encore un peu vers eux. Combien d’ardents défenseurs de ce chant, portent vraiment la mémoire, le souvenir de leurs souffrances, de leurs vies brisées.
Passées les actuelles commémorations de circonstance reviendra le silence et l’oubli dans ce vallon perdu d’Argonne, aujourd’hui recouvert d’arbres, pour moi devenu sacré.
Grand-père, dans un acte dérisoire, j’ai fait graver ton nom sur une pierre de l’ossuaire de Douaumont, (en rentrant à gauche, tout au fond, en haut…) toi qui oublié de tous, ne l’avais jamais eu nulle part…

Pierre Ménager
(le sang de la Marseillaise)

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La Marseillaise : les paroles qui divisent (adresse aux élus de la république).

(envoyé par mail à chacun des députés du parlement)

Vous êtes un(e) élu(e) de la République, sans nul doute, sensible à ses emblèmes : le drapeau splendide, la ravissante Marianne, le bonnet phrygien symbole de l’affranchissement des esclaves, notre belle devise républicaine, le coq « gallus »dont le nom se confond avec les origines de notre pays et ses 2000 ans d’Histoire…

J’aime tous ces symboles, révolutionnaires ou non.
Un seul emblème divise encore et toujours les Français. Non par son air entraînant et connu dans le monde entier, mais par certaines paroles très ambiguës et sanglantes.
Depuis sa création et pour chaque génération, un nombre important d’artistes, d’écrivains, de savants, d’hommes et de femmes engagés dans la vie publique comme vous, d’humanistes, de simples citoyens… se sont divisés à propos des paroles de ce chant de guerre devenu « la Marseillaise ».
Tout récemment encore le ton était donné, la querelle envahissait les réseaux sociaux d’internet…

Peut-on poser enfin une réflexion sans déclencher des réactions passionnelles et agressives.
L’expression « qu’un sang impur abreuve nos sillons » s’est répandue partout en France en seulement quelques mois. Paroles excessives et injustifiées en cette fin d’avril 1792 car la guerre vient d’être déclarée par la France et nos troupes envahissent la Belgique : les farouches soldats étrangers entrèrent dans nos campagnes seulement le… 19 août ! Ils en repartiront quatre semaines plus tard après Valmy, n’ayant égorgé aucune femme ni enfant. Continuer la lecture

Lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la république : « le sang de la Marseillaise »

(Envoyée par lettre)

Monsieur le Président,

Vous avez le projet de retirer le mot « race » de l’article premier de notre constitution de 1789.
Dans cette perspective notre parlement a banni ce terme de notre législation le 16 mai 2013.
Je souhaite par cette lettre attirer vivement votre attention sur la contradiction entre ce projet et le sens prêté au refrain de notre hymne : les hommes ont le sang  pur ou impur selon qu’ils sont désignés ou non, « ennemis de la liberté ».
Ainsi l’expression qu’un sang impur abreuve nos sillons conforte un fantasme destructeur : il suggère l’existence d’hommes au sang différent dans notre même famille humaine parce qu’opposés par leurs idées.
L’allégorie du sang impur ouvre la porte à toutes les dérives : pourquoi pas aussi en raison de notre taille, de la couleur de nos yeux ou celle de notre peau, de notre chevelure, de notre lignage, de nos croyances…
A chanter la Marseillaise depuis notre enfance, sommes-nous devenus autistes, indifférents au sens de ces mots terribles qui suggèrent de transformer l’adversaire ou l’ennemi, en engrais, en fumure liquide.
Même en les plaçant dans leur contexte historique de déclaration de guerre, ces paroles apparaissent infiniment plus dangereuses que l’utilisation du mot race désignant les différences physiques de notre même humanité.

Dans cet élan historique Monsieur le Président, accepteriez-vous de joindre à votre idée généreuse une modification des paroles de notre hymne ?

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Pierre Ménager répond à l’historien Bernard Richard sur « le sang impur de la Marseillaise »

Dans son livre « Les emblèmes de la république » (page 217) l’historien Bernard Richard écrit : « la Marseillaise n’attaque pas les étrangers mais les seuls ennemis de la liberté, que ceux-ci soient des Français ou des étrangers ».
Voici une tournure de style brillante en apparence mais qui justifie de tous les crimes révolutionnaires. Robespierre disait exactement la même chose. Maintenant allez consulter sur internet la liste nominative des guillotinés sous la terreur révolutionnaire, vous découvrirez parfois le motif futile de leur mise à mort… ainsi ces carmélites de Compiègne, au motif qu’elles persistaient à célébrer la messe secrètement, furent guillotinées sur l’actuelle place de la nation à Paris le 17 juillet 1794 vers 19 heures ; ou près de Lille, ces deux jeunes sœurs de 17 et 20 ans qui jouaient du clavecin fenêtre ouverte par une belle journée ensoleillée et qui furent décrétées immédiatement d’arrestation puis guillotinées deux jours plus tard (on ne fait pas de la musique quand les Français viennent de perdre une bataille à coté d’ici leur a-t-il été signifié). Les enfants Vendéens ont payé un lourd tribu à la répression : étaient-ils « des ennemis de la Liberté » ? Pourtant la Marseillaise était le chant de leurs tortionnaires.
Non, « le sang impur » de la Marseillaise ne désignait pas dans son contexte originel « les seuls ennemis de la liberté » mais les émigrés français et les soldats de la coalition étrangère à qui la France avait déclarée la guerre le 20 avril 1792 : ce n’est pas la même chose !
(lire l’onglet « Histoire » de ce site)
Voici maintenant le mail (tel qu’il nous est parvenu) de l’historien Bernard Richard envoyé à ce blog (le 10 juin 2014), suivi de la réponse de Pierre Ménager.

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Réponse à Edgar Morin sur « l’universelle Marseillaise »

Edgar Morin, sociologue, philosophe, directeur de recherche émérite au CNRS, etc… a fait paraître un article dans le Journal « le Monde » du 18 & 19 mai 2014 (p.16) réagissant ainsi aux propos tenus le 13 mai 2014 par l’acteur Lambert Wilson sur RTL : « Je suis extrêmement énervé que personne ne dise qu’il est temps de changer les paroles de la Marseillaise qui sont d’un autre temps. Ces paroles sont épouvantables, sanguinaires, d’un autre temps, racistes et xénophobes même si la musique est fantastique »…(sic).
Cette réaction de Lambert Wilson faisait écho à une agitation médiatique récente car Christiane Taubira, Ministre de la Justice, n’avait pas chanté la Marseillaise lors d’une commémoration relative à  l’esclavage quelques jours plus tôt à Paris. Un orchestre jouait à coté d’elle, et une cantatrice interprétait l’hymne. Dans un tel contexte Madame Taubira est restée recueillie, en situation « d’écoute » dit-elle. Sincère ou non, cette position peut s’entendre. Dans cette France éternellement divisée, tous les prétextes sont bons pour déclencher « la curée ».
Voici le corps de L’article d’Edgar Morin intitulé « l’universelle Marseillaise » suivi de ma réponse envoyée sans illusion au journal « le Monde » :

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Lettre aux archives De Dietrich

J’ouvre ce courrier aux personnes intéressées car il soulève l’histoire de la création de notre hymne, d’une part pour la musique, et d’autre part pour les paroles (voir l’onglet « HISTOIRE » de ce site). Il pose deux questions aux archives dont une conditionne toute l’origine de la création de la Marseillaise : la lettre de Sybille-Louise Ochs de Dietrich, épouse du premier maire de Strasbourg, à son frère à Bâle, fin avril 1792. Cette lettre mentionne aussi les dernières recherches sur le véritable lieu de la création de la Marseillaise à Strasbourg par l’historien Alsacien Claude Betzinger qui bouscule un peu plus les fondements du mythe Lamartinien.

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